Compte-rendu de la réunion publique logement et solidarité du 16 octobre
Introduction
Olivier Caremelle ouvre la réunion en rappelant la démarche : un temps d’échanges constructifs avec les Lommois pour réfléchir ensemble aux enjeux du logement et des solidarités. L’objectif est d’écouter, de partager des constats et surtout de recueillir des propositions concrètes pour co-construire le futur programme municipal.
Thérèse Lebrun et Gérald Morel se présentent. Gérald précise qu’il n’est pas élu et qu’il ne s’agit pas d’une réunion de bilan, mais d’un moment d’écoute. Le logement reste le premier poste du budget des ménages, mais aussi un sujet de plus en plus complexe. Le parcours résidentiel n’est plus ce qu’il était. Dans le logement social, les interventions des prestataires sont difficiles, le dialogue avec les bailleurs souvent compliqué. Il rappelle la nécessité de construire davantage, de rénover davantage, et d’orienter l’argent public vers les priorités. Ce soir, il ne s’agit pas de traiter des cas individuels, mais de partager des ressentis et de formuler des propositions.
Le logement
Une première habitante, Lommoise de longue date, témoigne d’un cas où un logement social a été attribué alors qu’il n’était pas terminé : fils électriques apparents, moisissures, malfaçons nombreuses. La personne concernée a pourtant dû accepter.
Un autre habitant évoque les problèmes récurrents de chaudière et les difficultés à obtenir des réparations correctes. Gérald insiste sur le fait que les habitants ne savent pas toujours qu’ils disposent de recours gratuits, et que des moyens coercitifs existent pour contraindre les bailleurs à agir.
Une troisième habitante, installée à Lomme depuis plus de quinze ans, s’interroge sur la multiplication des programmes neufs : plus de 2000 logements ont été construits, mais répondent-ils réellement à la demande ? Gérald précise que les chiffres sont parlants : environ 4000 demandes de logement en attente pour une centaine d’attributions par an. Il n’y a plus de rotation dans le parc social. “Tous les cas sont urgents”, ajoute-t-il, avant d’évoquer une politique nationale du logement laissée à l’abandon.
Olivier prend la parole. Il dit avoir été frappé, en devenant maire, par l’ampleur de la crise du logement à Lomme. Selon lui, “le logement d’abord est devenu le logement d’après”. Les gouvernements successifs ont freiné les politiques du logement. Sur la MEL, le déficit est massif. Le maire n’est pas constructeur, mais aménageur : il doit trouver un équilibre entre la demande sociale et la préservation du cadre de vie. Il souligne que la ville ne cherche pas à bétonner, mais à répondre aux besoins réels, avec des programmes mêlant logements sociaux, intermédiaires et privés.
Il ajoute : “Je ne suis pas pressé qu’on me donne le pouvoir de loger les gens, car le faire avec des poches vides, c’est extrêmement frustrant.” Il rappelle qu’à chaque permanence logement, il reçoit des femmes victimes de violences pour lesquelles aucune solution rapide n’existe. Il faut des logements, mais aussi des parcs, des jardins, et des lieux de vie. Il s’agit d’un équilibre complexe.
Olivier évoque la création d’une nouvelle délégation dédiée au logement d’urgence pour mieux gérer les situations les plus graves. Il reconnaît que le rapport au logement est devenu central : avoir un toit ne résout pas tout, mais c’est le point de départ de l’insertion. Il cite l’exemple de la résidence Couteau, où 6 millions d’euros de travaux ont été réalisés malgré ces malfaçons persistantes. Il dénonce un certain mépris des locataires et assume d’avoir instauré un rapport de force avec les bailleurs, et que cette stratégie est efficace comme à Délivrance.
Une habitante revient sur la question des logements trop grands pour certains foyers et propose de permettre des mutations à loyer égal pour libérer ces logements. D’autres évoquent la nécessité de mieux maîtriser le niveau des loyers (les bailleurs peuvent ne pas appliquer les barèmes nationaux et ne pas répercuter les augmentations).
Une participante explique vivre à Lomme depuis 2014 et être satisfaite de son cadre de vie, mais malade, elle aimerait pouvoir bénéficier d’un logement adapté. Une autre question concerne des maisons rénovées par Vilogia, encore vides. Olivier confirme que la vacance des logements est un vrai sujet, sur lequel la ville échange avec les bailleurs pour comprendre les blocages (parfois liés à l’ANRU). Il évoque enfin des situations dramatiques de mal-logement, comme celle d’une dame de 75 ans vivant dans 9 m² à Houplines, et une aggravation générale des détresses sociales. “Je pensais connaître Lomme, dit-il, mais on connaît vraiment Lomme quand on sait où vivent les gens et comment ils vivent.”
Sur la Tour Blum: “C’est la plus indigne de Lomme. Il faut la déconstruire. Mais il faudra aussi reconstruire.” Il admet que le tissu urbain de Lomme est “anthropisé”, saturé, et que la requalification n’est pas simple.
Une dernière habitante évoque la difficulté pour sa fille, mère d’une petite fille de 4 ans, de trouver un logement malgré des démarches constantes. Olivier reconnaît que ces situations sont devenues trop fréquentes.
Les solidarités
Thérèse ouvre la seconde partie. “Solidarité au singulier ou au pluriel ? Nous, à Lomme, nous choisissons les solidarités.” Elle invite les participants à formuler des propositions concrètes.
Les premières interventions portent sur les difficultés d’accès aux droits, amplifiées par la dématérialisation. Beaucoup de personnes n’arrivent plus à faire leurs démarches.
Olivier rappelle l’amplification de la détresse sociale : « il y des gens qui meurent dans le métro, des enfants qui vivent dans la rue ».
Un participant, ancien professionnel en soins palliatifs, rappelle que la solitude est un fléau et que chacun peut agir à son échelle. Une aide-soignante à domicile confirme : “Des gens sont seuls. Peut-être que la mairie pourrait mettre en lien les bénévoles et les personnes isolées.”
Plusieurs propositions émergent : développer des cafés solidaires et intergénérationnels (exemple du quartier du Marais), ou encore installer davantage de bancs et de tables dans les espaces publics, pour encourager la rencontre. “Un banc, c’est déjà un acte de solidarité”, dit une habitante.
Olivier encourage les participants à aller noter toutes ces idées sur le site oliviercaremelle2026.fr
Une autre idée évoquée : relancer les Locaux Communaux de Proximité (LCP), ces anciens lieux de vie et de solidarité de quartier. Certains proposent aussi de renforcer la communication municipale sur les dispositifs existants, tout en évitant la surcharge d’informations : “Trop d’infos tue l’info.” D’autres insistent sur la nécessité d’accompagner les personnes en situation d’illectronisme, qui ne savent pas utiliser un ordinateur.
Des propositions concrètes émergent autour du lien intergénérationnel : repas partagés, ateliers de savoirs, présence de personnes âgées dans les écoles, échanges de compétences numériques. Au Quai des transitions, une initiative de SEL (système d’échange local) a déjà été lancée et fonctionne bien.
Conclusion
Olivier se dit satisfait des échanges et des deux volets abordés. Sur le logement, il reconnaît que la ville n’a pas toutes les réponses, mais la richesse des propositions sur les solidarités ouvre des pistes concrètes. “Il n’y a pas de petites idées”, répète-t-il. Il revient sur les LCP, suggérant qu’on pourrait “se servir des méthodes d’hier pour renouveler la solidarité d’aujourd’hui”.
Il annonce que la ville a répondu à un appel à projets de la CAF pour créer deux maisons de la solidarité, conçues comme des espaces de vie sociale pouvant à terme devenir des centres sociaux. Ces lieux ne seront pas concentrés dans un seul bâtiment, mais répartis pour s’adresser aux jeunes comme aux aînés.
“La solidarité à Lomme, c’est plutôt les solidarités”, dit-il. “C’est notre tradition politique : solidarité et progressisme au cœur, et en actions.” Il rappelle qu’il y a trois ans, la ville ne comptait pas d’assistantes sociales. Ces postes ont été créés pour aller vers les habitants et accompagner les situations de détresse. Il évoque aussi l’importance de la lutte contre la pauvreté, citant la visite de l’ancienne présidente d’ATD Quart Monde.
“La solidarité, ce n’est pas seulement un mot de la mairie ou des associations, c’est aussi les gestes quotidiens des habitants.” Il rend hommage à la communauté paroissiale, qui accompagne les mineurs non accompagnés, parfois là où le Département est défaillant.
La réunion se conclut dans un climat bienveillant, avec la promesse de poursuivre la concertation sur d’autres thèmes du programme municipal.